La Basilique des 3 Ave à Blois

Les frères Jan et Joël Martel ont réalisé plusieurs sculptures pour la Basilique des Capucins Notre-Dame de la Trinité, dite des Trois Ave Maria, à Blois.

- Un bas-relief gigantesque de 17 mètres de hauteur sur la façade représentant " Marie conduisant l'humanité aux pieds de La Croix ". 

- Deux statues colonnes pour le parvis avec 10 personnages : David, Salomon, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Rébecca, Ruth, Judith et Sibylle. 


Historique de la construction

L’église est commandée en 1931 par l’archiconfrérie des Trois Ave et construite à partir de 1934 sous la direction de Charles-Henri Besnard. Les travaux sont interrompus en 1936 et les plans sont repris par l’architecte Paul Rouvière, qui substituera la brique rouge à un revêtement en granit. 


Après une interruption due à la guerre, et au décès de Paul Rouvière, l’aménagement de l’église est repris en mars 1946 par Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des Monuments historiques. L’église est consacrée le 16 juillet 1949. 


Représentatif de l’architecture religieuse des années 1930, l’édifice est décoré par de nombreux artistes dont de nombreux membres de l'Union des Artistes Modernes (UAM).

Ce sont les sculpteurs Joël et Jean Martel pour le bas-relief monumental de la façade et les deux piliers colonnes du parvis, Jean Lambert-Rucki pour les vantaux du portail d'entrée et le chemin de croix, Anne-Marie Roux pour les 3 bas reliefs des mystères de Marie et André Bizette-Lindet pour l'autel de la crypte, les tapissiers Jean et Karine Barillet, l’orfèvre Jean Puiforcat et les maîtres verriers Louis Barillet, Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen.


L'architecte Paul Rouvière a recours au système de François Hennebique pour le gros œuvre qui est achevé au moment de sa mort, avant la déclaration de guerre de 1939.


Le bas-relief monumental de la façade



" Un immense haut-relief de 17 mètres ornant le fronton triangulaire du sanctuaire, accueille le visiteur.

L'œuvre des frères Martel représente la Sainte Vierge conduisant l'humanité à la Trinité Sainte : synthèse de la doctrine théologique que l'édifice a pour mission de transmettre.


La courbe des drapés, des cheveux et des auréoles, les ailes des anges, le rayonnement de la Colombe déployée, tout cela nous attire vers le trône de Dieu le Père, en passant par la Croix jaillissante du Christ rédempteur.


Remarquez la ligne des mains : la paume de douleur de Marie, celles du Christ ouvertes à tout l'horizon, celles du Père qui nous accueillent.


C'est bien le hiératisme* médiéval qui est rappelé dans cette œuvre contemporaine, grâce à un style franciscain épuré.


*hiératisme renvoie ici à l'aspect majestueux et figé de l'art roman."

P Desurmont




Maquette en plâtre pour la façade de Notre Dame de la Trinité de Blois (1937)

Une autre maquette en ciment gum et sable (ci-dessous) est conservée au musée Landowski, dit des années 30, à Boulogne Billancourt (1936).





 


Cliché pris lors de la reprise des travaux de construction en 1946 avec la présence des jumeaux. Joël à gauche et Jan à droite (dixit Florence Regourd)


Carte postale du groupe monumental de la façade qui nous indique une hauteur de 17 mètres pour un poids de 80 tonnes © Collection André Billy

Les deux statues colonnes du Parvis



Le roi David sur le pilier colonne de gauche


Les deux piliers colonnes avec les sculptures des frères Jan et Joël Martel. A gauche : De face le roi David et de part et d'autre les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel. A droite : De face le roi Salomon et quatre personnages féminins Rébecca, Ruth, Judith et Sybille.

" A l'exemple des porches des cathédrales, les statues colonnes des Frères Martel accompagnent les fidèles au seuil de la Basilique Notre-Dame de la Trinité.


Quoi de plus symbolique, en effet, que d'être escorté par ces rois, prophètes et patriarches, qui, premiers témoins de la catéchèse de l'Ancien Testament, ont annoncé la venue du Messie, né de la Vierge Marie ?


Nous trouvons ainsi les rois David et Salomon, les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel. Quatre femmes sont également présentes : Rébecca, femme d'Isaac ; Ruth, épouse de Booz, qui assurera par Jessé, la descendance jusqu'à Jésus ; Judith, libérant le peuple d'Israël des Assyriens et la Sibylle de Cumes, près de Delphes, prophétisant, dès l'Antiquité païenne, l'avènement de l'Enfant-Roi.


Une impression de sérénité et de majesté, mêlées de gravité, émane de ces sculptures ".

P. Desurmont






Dans la revue l'Architecture d'Aujourd'hui, n° 7, de juillet 1938, sur le thème de l'architecture religieuse, 2 pages sont consacrées à cette Basilique.




Des bétons spéciaux sont employés au coulage des sculptures. Le coulage de ces sculptures et notamment celui du groupe de façade a nécessité une étude spéciale.  Un moule très résistant en staff, composé de 32 pièces, fut exécuté dans l'atelier des Frères Martel sur l'original en glaise. 


L'architecte dut étudier un procédé de coulage spécial pour réaliser avec exactitude cette œuvre (le poids du béton dépasse 80 tonnes). La façade fut entièrement coulée en réservant au centre un vide légèrement inférieur à la surface que devait occuper le bas-relief. Devant ce vide, épaulé par un échafaudage puissant, lui-même relié à la façade déjà construite, les éléments du moule furent montés et soigneusement raccordés. 


Le groupe de sculpture fut coulé par l'intérieur et par assises doubles de hauteur de celles de la façade. Le béton employé a été constitué avec des éléments sensiblement plus fins que le béton normal ; après bouchardage sa teinte est un peu plus grise. 


Pour éviter les déformations que pouvait occasionner la poussée considérable du béton (pendant la vibration la poussée est égale à celle d'un liquide de densité 2.200 et les assises avaient 2,20 mètres de haut) un coffrage fut monté au revers du moule et rempli de sable humide au fur et à mesure du coulage du béton, les poussées s'équilibrant, le moule n'était plus ainsi soumis qu'à des efforts de compression sans importance. 


L'humidité apportée par le sable évitait l'absorption de l'eau de gâchage du béton par le moule du staff. Les arêtes ont été laissées brutes de démoulage. Certains bas-reliefs assez fins sont exécutés au  cement-gun puis sablé légèrement.


L'article est illustré de la sculpture du groupe de façade des frères Martel