L'architecte Paul Rouvière a recours au système de François Hennebique pour le gros œuvre qui est achevé au moment de sa mort, avant la déclaration de guerre de 1939.
" Un immense haut-relief de 17 mètres ornant le fronton triangulaire du sanctuaire, accueille le visiteur.
L'œuvre des frères Martel représente la Sainte Vierge conduisant l'humanité à la Trinité Sainte : synthèse de la doctrine théologique que l'édifice a pour mission de transmettre.
La courbe des drapés, des cheveux et des auréoles, les ailes des anges, le rayonnement de la Colombe déployée, tout cela nous attire vers le trône de Dieu le Père, en passant par la Croix jaillissante du Christ rédempteur.
Remarquez la ligne des mains : la paume de douleur de Marie, celles du Christ ouvertes à tout l'horizon, celles du Père qui nous accueillent.
C'est bien le hiératisme* médiéval qui est rappelé dans cette œuvre contemporaine, grâce à un style franciscain épuré.
*hiératisme renvoie ici à l'aspect majestueux et figé de l'art roman."
P Desurmont
Les deux statues colonnes du Parvis
" A l'exemple des porches des cathédrales, les statues colonnes des Frères Martel accompagnent les fidèles au seuil de la Basilique Notre-Dame de la Trinité.
Quoi de plus symbolique, en effet, que d'être escorté par ces rois, prophètes et patriarches, qui, premiers témoins de la catéchèse de l'Ancien Testament, ont annoncé la venue du Messie, né de la Vierge Marie ?
Nous trouvons ainsi les rois David et Salomon, les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel. Quatre femmes sont également présentes : Rébecca, femme d'Isaac ; Ruth, épouse de Booz, qui assurera par Jessé, la descendance jusqu'à Jésus ; Judith, libérant le peuple d'Israël des Assyriens et la Sibylle de Cumes, près de Delphes, prophétisant, dès l'Antiquité païenne, l'avènement de l'Enfant-Roi.
Une impression de sérénité et de majesté, mêlées de gravité, émane de ces sculptures ".
P. Desurmont
Des bétons spéciaux sont employés au coulage des sculptures. Le coulage de ces sculptures et notamment celui du groupe de façade a nécessité une étude spéciale. Un moule très résistant en staff, composé de 32 pièces, fut exécuté dans l'atelier des Frères Martel sur l'original en glaise.
L'architecte dut étudier un procédé de coulage spécial pour réaliser avec exactitude cette œuvre (le poids du béton dépasse 80 tonnes). La façade fut entièrement coulée en réservant au centre un vide légèrement inférieur à la surface que devait occuper le bas-relief. Devant ce vide, épaulé par un échafaudage puissant, lui-même relié à la façade déjà construite, les éléments du moule furent montés et soigneusement raccordés.
Le groupe de sculpture fut coulé par l'intérieur et par assises doubles de hauteur de celles de la façade. Le béton employé a été constitué avec des éléments sensiblement plus fins que le béton normal ; après bouchardage sa teinte est un peu plus grise.
Pour éviter les déformations que pouvait occasionner la poussée considérable du béton (pendant la vibration la poussée est égale à celle d'un liquide de densité 2.200 et les assises avaient 2,20 mètres de haut) un coffrage fut monté au revers du moule et rempli de sable humide au fur et à mesure du coulage du béton, les poussées s'équilibrant, le moule n'était plus ainsi soumis qu'à des efforts de compression sans importance.
L'humidité apportée par le sable évitait l'absorption de l'eau de gâchage du béton par le moule du staff. Les arêtes ont été laissées brutes de démoulage. Certains bas-reliefs assez fins sont exécutés au cement-gun puis sablé légèrement.