J. Martel, les gestes du marais, 1941 – 1946.


Pour arriver au dernier champ d'expression, la sculpture, les deux frères Martel, crayon en main et au hasard des supports rencontrés, croquaient à l'envie les gestes du quotidien de la vie rurale.

1941 – 1946, c'est la période de réclusion en ruralité des deux frères Martel, entre la maison familiale du Mollin à La Garnache, lieux de repli de Joël Martel et son épouse et l'atelier résidence de la Chapellenie de l'espace dunaire du littoral de Saint-Jean-de-Monts, lieux de rassemblement de la famille Jan Martel.

Nantais de naissance, parisiens d'éducation et d'apprentissage au satuaire, résidents privilégiés du XVIème arrondissement, il n'en reste pas moins qu'une certaine marque pour ne pas dire une certaine attache pour Jan Martel, les reliaient au milieu rural de leur enfance estivale, à l'empreinte de famille bourgeoise de campagne de leur mère, Rachel Boucher, au temps des instants de vie de la terre du régisseur et des paysans du domaine légué par leur père, Léon Martel.

Peu de commande en cette période d'occupation allemande et de « purification de la culture ». Cette période fut donc propice à un certain repli qui, comme artistes passa obligatoirement par la saisie des gestes quotidiens de la terre, de ses hommes, de ses femmes, de la vie paysanne. Photographier, filmer et surtout dessiner les scènes de la ruralité, les instants du travail paysan, les postures agraires humaines.

Les frères Martel passèrent pour ainsi dire leur temps à croquer les allures, les mouvements, les faits et gestes, les attitudes, les retraits, saisir les silences et expressions des gens de campagne et des animaux de ferme, en d'autres termes, esquisser sur le vif les instants volés aux autres.

Car c'était déjà depuis longtemps leur matière d'apprentissage des formes et des volumes, leur manière du saisissement de la lumière sur l'objet à représenter pour qu'il devienne un jour, motif de fresque ou sculpture.

Et l'œil aguerri de ces deux artistes membre de l'Union de l'Art moderne, proches et partenaires des courants de l'Art Déco et de cubisme aussi divers que celui du contraste des formes, de ceux du synthétisme et de l'analytisme, de celui du cubo-futurisme ou du vorticisme, ne pouvait que forcer à joindre à l'œuvre vernaculaire, une touche de modernisme et de contemporanéité et la magie géométrique des cercles d'or.

Ce sont donc quinze dessins originaux et inédits, cinq sculptures et une fresque que remirent à la commune de Bois-de-Céné, Lise Lause Martel, la fille de Jan et Claire Forney la petite fille, pour qu'il soit présenté sous l'égide de Jacques Kerzanet, commissaire de l'exposition, en la salle des Cigognes de la commune de Bois-de-Céné, entre le 15 et le 23 septembre 2018, le parcours 2018 de J.Martel le geste premier. 

Quatre parcours à l'honneur :

- lés animàu d'ferme : ine vache, un jhàu (les animaux de ferme : une vache, un coq)
- un gnolour, ine ningle in boune mén (un conducteur de yole, une perche à la bonne main)
- le maraechin, un dart in boune mén ou un fàye in l'àutre mén, la maraechine, la faucelle ou pougnét (le maraîchin, la faux à la main ou le fléau à l'autre main, la maraîchine, la faucille au poignet)
- un maraechin, ine forche in boune mén (un maraîchin, la fourche à la main)
- lés fén et l'battage (les foins et la moisson)
- lés habits marechins (les habits maraîchins)