A proximité d'auberges, de fermes et du village pour le ravitaillement.
A l'abri des vents, à l'orée de la forêt.
FORME :
Société Civile de 32 participants souscrivant chacun deux mille francs, une fois pour toutes et pour 30 années.
Le budget pour la construction et l'entretien de ce chalet avec tous frais accessoires s'élevant à 64 000 Francs.
AVANTAGES :
Chaque actionnaire recevra pendant trente ans et chaque année le 1er octobre, deux tickets donnant droit à un séjour de quinze jours de novembre à avril et de quinze jours de mai à octobre.
Chaque ticket permettra la jouissance de l'une des huit couchettes du chalet pendant la période indiquée, avec droit aux avantages attenants (chauffage, douche, cuisine individuelle, etc.), sans autre paiement que les frais proportionnels de chauffage et d'éclairage qui seront minimes.
Les dates de séjour seront alternées de façon qu'un roulement s'effectue entre les 32 participants qui chaque année auront un ticket pour une période différente.
Ces tickets seront la propriété du participant qui pourra, s'il n'en use pas personnellement, le donner ou le vendre à un tiers, ou s'il le préfère, le reverser à la société, qui en cas de vente de ce ticket, réservera au participant 50 % de ce qu'elle aura touché.
Sur les huit couchettes, quatre seront toujours à louer à un prix minime, ce qui donnera la possibilité aux participants d'avoir une couchette supplémentaire.
L'occupation du chalet par les 32 participants représentant environ quatre mois d'hiver et quatre mois d'été, le chalet sera loué pendant les périodes intermédiaires.
Le produit des locations après couverture des frais généraux, sera versé à la Société civile qui décidera de son affectation.
Pour deux mille francs versés une fois pour toutes, vous aurez 1/32 de propriété d'un chalet de skieurs, construit suivant les données les plus modernes à 1 500 m. d'altitude, à 600 kms de Paris, et pendant trente ans vous aurez droit à un séjour de quinze jours en hiver et de quinze jours en été, sans autre débours que la nourriture, le chauffage, l'éclairage.
Les premières souscriptions ayant été faites entre amis, il ne reste plus qu'une dizaine de participations pour le premier chalet, qui sera terminé fin septembre 1938.
Un second chalet est à l'étude pour l'an prochain.
Statuts et renseignements chez :
J.L DUCHEMIN, 12 rue Hennet (Pigalle 67.97) ou J-J. MARTEL 10 rue Mallet-Stevens (Auteuil 65.--)
Dans un article paru, en pages 20 et 21, le 15 janvier 1938 dans une publication de la maison Hachette « Maisons et Intérieurs pour tous » n° 128, la conception du chalet réalisé par les frères Martel était ainsi décrite :
Le programme tracé était d’aménager dans le minimum d’espace (4x4) une pièce dans laquelle 4 skieurs pourraient vivre confortablement et agréablement : se reposer, se laver, faire sécher leurs vêtements et faire leur cuisine. Ils y dorment en deux lits superposés (on accède au lit supérieur par une échelle) sur des matelas-sommiers indéformables.
Ils y mangent sur une petite table qui peut se déployer et permet alors à 8 personnes de prendre leurs repas (en général, c’est le repas du soir que l’on prend chaud dans les Chalets, celui du matin s’emporte dans les sacs et se mange sur les crêtes) ; car, après une journée de sport, on aime à se réunir nombreux autour d’une table. La table repliée ne mesure que 40 centimètres et permet la circulation dans la Chambre.
Ils y font leur toilette dans une « pièce d’eau » contenant un lavabo, un bidet, une douche, avec son collier et sa cuvette, quatre armoires individuelles et quatre crochets pour les serviettes.
Ils y placent leurs effets dans une penderie et une armoire commune. Chaque skieur dispose de 3 casiers qui peuvent s’enlever aisément pour le rangement plus facile et au besoin servir de valises pour transporter les effets d’un chalet à l’autre, le modèle d’armoire étant partout le même.
Deux meubles suspendus pour éviter l’encombrement peuvent se déplacer latéralement sur glissières, l’un formant bureau-bibliothèque, l’autre aménagé pour contenir : phono, disques ou T.S.F.
Au chevet des lits, des niches sont aménagées pour les lampes et pour les livres. Des filets à la tête des lits peuvent recevoir des effets. Les valises se placent sur le plafond du cabinet de toilette. Les sièges s’emboitent les uns dans les autres, quand on n’a pas à s’en servir. Au mur est fixée une plaque de liège pour y piquer des cartes et des photos. »
Ce chalet est réalisé en bois du pays d'après le modèle-type exposé dans le pavillon de U. A. M. à l'exposition de Paris 1937.
Deux chambres indépendantes, aménagées de telle sorte que dans chacune d'elles, quatre personnes puissent vivre commodément.
Équipées avec confort (chauffage, éclairage, gaz, butane pour cuisine, w.c. avec fosse septique, eau courante, aération cuisine).
Calfeutrage de papier goudronné entre deux cloisons. Fenêtres à châssis pivotants, volets à guillotine coulissants entre les deux cloisons.
Ce chalet, construit à proximité d'un hôtel restaurant, est destiné à un groupe de 32 copropriétaires, participant chacun à la construction pour une somme minime. Huit personnes ayant la possibilité d'y séjourner à la fois, chaque participant peut disposer du chalet un mois par an, en une ou plusieurs fois.
Histoire des Gets, le 4 décembre 2022 :
" En 1937, le célèbre architecte-designer avant-gardiste et décorateur de cinéma Robert Mallet Stevens conçoit pour, et avec ses amis les frères jumeaux Jan et Joël Martel, eux-mêmes décorateurs et sculpteurs cubistes de renom, un chalet sur pilotis qui revisite entièrement les codes de l’architecture de montagne. Son aménagement intérieur très fonctionnel et minimaliste témoigne des innovations du design mobilier de l’époque.
Présenté à l’Exposition internationale de Paris, ce chalet moderne et aux lignes épurées doit être industrialisé pour être vendu sur un principe de multipropriété. Un seul exemplaire, commandé par une copropriété de 38 personnes souhaitant disposer du lieu à tour de rôle dans l’année, est finalement installé en 1938 sur le plateau de Chavannes, à la Mouille-aux-Blés. Beaucoup de ces propriétaires appartiennent à l’Union des Artistes Modernes (UAM) cofondée et longtemps présidée par Robert Mallet-Stevens lui-même.
Ce chalet est ainsi le (dernier ?) témoin de l’entrée des Gêts sur le plateau des Chavannes dans une ère touristique nouvelle : celle du tourisme hivernal conçu comme une véritable industrie. Une preuve également de la capacité de la station naissante à attirer des premiers résidents, dont des personnalités influentes et désormais rentrées dans l’histoire de l’art, de l’architecture et du design. Avec le chalet Blanche Neige (construit également en 1938 au plan des chenus), ce chalet peut être considéré comme l’une des premières résidences secondaires des Gets. La toute première d'une longue série aux Gets.
La commune des Gets a jadis eu la bonne idée de s’en porter acquéreur pour sa préservation et son renouveau patrimonial.
Malheureusement, les décennies sont passées sans entretien particulier et aucune avancée significative en matière de réflexion quant à son devenir n’a abouti. Il menace plus que jamais de s’effondrer sur le poids des premières neiges, à moins qu’il ne se connaisse très vite un nouveau destin… Il y a urgence, sauf à acter qu’il n’aurait aucun intérêt."
Simon Bergoend, président de l'association Coutumes, Traditions, Patrimoine aux Gets, en juin 2023 :
" Pour précision la commune des Gets jadis n’a pas eu l’idée de s’en porter acquéreur, le bien a en réalité été édifié sur une parcelle communale. Qui construit sur autrui construit pour autrui.
Nous sommes actuellement en discussion avec le CAUE et les élus départementaux délégués à la gestion de cet établissement pour monter un projet de rénovation et de mise en valeur. L’idée est de rendre le bien « visitable » par l’extérieur depuis le balcon en créant des ouvertures sur la façade qui permettront au visiteur de découvrir toute l’ingéniosité de l’aménagement intérieur.
Après avoir connu un certain nombre d’échanges et de visites sur site avec la DRAC, qui ne se sont pas avérées concluantes (idée d’un classement qui n’a pas abouti - pas aidé par l’état actuel piteux du bien il est vrai), il semble que le projet connaisse depuis quelques mois un second souffle. Il faut ajouter l’engagement très positif des descendants de Jean Martel qui s’associent et suivent le projet avec le souci de préserver l’essence architecturale évidemment.
Les services communaux s’assurent que pour l’hiver la structure soit renforcée afin d’éviter l’effondrement du chalet. On poursuivra début 2023 le montage du projet qui une fois mûr sera réalisé dans l’idéal en régie par les équipes de Bovard, peut-être avec l’appui d’entreprises locales qui pour certaines sont sensibles à ce projet. "
Enfin une solution
Le Chalet de la Mouille aux blés
Un trésor architectural en voie de restauration
Le Chalet Martel, dit « Chalet de la Mouille aux Blés » situé près de la zone débutants du plateau des Chavannes est un véritable trésor architectural en passe d'être rénové.
Il a été pensé et construit par les frères Jan et Joël Martel, sculpteurs et décorateurs, en collaboration avec le célèbre architecte du XXème siècle Le Corbusier et le designer parisien Robert Mallet-Stevens.
Constituant le prototype d'un projet de production industriel, il fut installé aux Gets en 1938, après avoir été présenté en 1937 à l'Exposition internationale des arts et des techniques appliquées de la vie moderne de Paris, où il a remporté la médaille d'or pour sa fonctionnalité et son originalité.
Sa conception est fondée sur des principes qui ont guidé l'architecture moderne. Dans un article publié dans Architecture et Stations, il est décrit comme « Une construction simple et originale, qui renonce à toute symétrie et au traditionnel soubassement en pierre, pour adopter une structure sur pilotis et une toiture monopente en zinc. Entièrement réalisé en bois du pays ».
Décrite comme étant certainement la première construction d'un chalet conçu pour « estivant et hivernant » par le Ministère de la Culture et de la Francophonie.
« Un témoin rare dans l'histoire du tourisme de montagne ».
Le Ministère relevait également le dispositif intérieur élaboré visant à proposer à l'époque un nouveau type d’habitat pour la villégiature de montagne le rapprochant du célèbre Cabanon de Le Corbusier à Roquebrune Saint-Martin, classé monument historique en 1994.
Les mots de Lise-Laure Forney, fille de Jan Martel : « En 1937, Jan Martel ne connaissait pas la montagne et son ami Jacques Duchemin l'a emmené aux Gets et plus précisément aux Folliets ou madame Plemanikov tenait l'Auberge Eure et Savoie. En promenade, ils vont vers les Chavannes et là, Jan est émerveillé quand il voit le Mont Blanc avec sa chaîne et les alentours de l'endroit où il pensait faire le chalet. C'est ainsi qu'il a décidé de faire le chalet à cet endroit. Pour le réaliser, il fait la visite des artisans des Gets qui seront très favorables et volontaires pour monter ce projet. Sur Paris, il en parle à Charlotte Perriand, Robert Mallet Stevens, Le Corbusier pour réaliser un chalet tout en bois. Ce chalet représentera les débuts de ce que l'on appellera la multipropriété. »
Ce chalet a servi de villégiature à nombre de personnalités jusque dans les années 1960.
De plus, comme le relate le petit-fils de Jan Martel, Monsieur Éric Forney : « Le chalet de mon grand-père a servi de refuge pour la résistance pendant la deuxième guerre mondiale et a notamment permis de faire transiter des résistants et combattants alliés vers la Suisse.
Ainsi, mon père m'a raconté qu'un Anglais est venu un jour lui indiquer que, lorsqu'il était soldat allié, il avait trouvé refuge dans ce chalet et il a montré à mon père la Croix de Lorraine qu'il avait gravée et qui se trouve toujours sur le bardage en bois du chalet. »
Le projet de restauration
La commune des Gets a réalisé avant le début de l'hiver 2023-24 une mise en sécurité du bien, pour prévenir les risques d'effondrement. Cette étape préalable au projet de restauration qui sera entamé courant 2024 rendra possible le relevé précis et l'évaluation de l'état de conservation des éléments inclus dans le chalet. Un travail en collaboration avec le CAUE 74 et le maître d'œuvre permettra enfin de préciser dans les mois à venir un projet de restauration et de mise en valeur de cette pièce patrimoniale, dans le respect de ses spécificités architecturales et historiques.
Lucie Bartholomé, animatrice chargée du patrimoine
Des témoignages familiaux
Lise-Laure Forney, fille de Jan Martel, rappelle de manière émouvante des souvenirs familiaux expliquant non seulement le choix des Gets pour y construire ce chalet révolutionnaire, mais évoquant aussi sa conception et son utilisation au quotidien :
« En 1937, Jan Martel ne connaissait pas la montagne et son ami Jacques Duchemin l'a emmené aux Gets et plus précisément aux Folliets ou madame Plemanikov tenait l'Auberge Eure et Savoie. En promenade, ils vont vers les Chavannes et là, Jan est émerveillé quand il voit le Mont Blanc avec sa chaine et les alentours de l'endroit où il pensait faire le chalet. C’est ainsi qu’il a décidé de faire le chalet à cet endroit.
Pour le réaliser, il fait la visite des artisans des Gets qui seront très favorables et volontaires pour monter ce projet. Sur Paris, il en parle à Charlotte Perriand, Robert Mallet-Stevens, Le Corbusier pour réaliser un chalet tout en bois.
Ce chalet représentera les débuts de ce que l'on appellera la multipropriété. Le projet initial était de constituer une « Société civile de 32 participants souscrivant chacun deux mille francs une fois pour toutes et pour 30 années » avec l’avantage, pour chaque actionnaire, d’obtenir le droit à un séjour de quinze jours de novembre à avril et un séjour de quinze jours de mai à octobre.
C’était un projet très hardi à l'époque, sachant aussi qu'aucune route n'existait, tout se faisait à dos de cheval, et avec des traineaux pour le transport des outils et des matériaux.
Le sous-sol du chalet servait à stocker du charbon dans un premier temps pour le chauffage, ensuite il y aurait un poêle à mazout et par la suite l'électricité.
L'alimentation du chalet en eau se faisait par une source située à une cinquantaine de mètres. Mais cette source était très souvent gelée l'hiver et les gens qui venaient au chalet faisaient fondre de la neige dans des grosses bouilloires.
L’intérieur du chalet avait été très bien calculé, un espace très fonctionnel composé de deux pièces identiques avec l'accès par une porte qui donnait sur un couloir ou des casiers à skis et à chaussures étaient installés.
En rentrant dans la pièce principale, sur la droite se trouvait un grand placard avec un côté penderie et une armoire avec des tiroirs qui s'emboitaient avec ceux de la porte quand on la refermait.
Le poêle à charbon se trouvait sur la gauche avec des bacs en zinc pour réceptionner l'eau des vêtements que l'on faisait sécher sur un séchoir en bois au-dessus du poêle.
De nombreux petits placards en bois permettaient de ranger la vaisselle et autres accessoires de cuisine. Le coin cuisine bénéficiait d'une hotte permettant d’aérer la pièce.
La table a été fabriquée de manière à complétement se replier sur elle-même pour laisser de l'espace, les tabourets s’empilaient tous les uns sur les autres. Deux lits deux places superposés pour les couchages avec sur les murs des filets fixés pour mettre les affaires.
La salle de bains était dans un cube de bois avec pleins de petits placards en fer pour ranger les affaires de toilette.
Il pouvait donc y avoir deux familles en même temps pendant la même période de vacances. »
Eric Forney, un petit fils de Jan Martel, apporte cette anecdote :
« Le chalet de mon grand-père a servi de refuge pour la résistance pendant la deuxième guerre mondiale et a notamment permis de faire transiter des résistants et combattants alliés vers la Suisse. Ainsi mon père m'a raconté qu'un Anglais est venu un jour lui indiquer que, lorsqu'il était soldat allié, il avait trouvé refuge dans ce chalet et il a montré à mon père la Croix de Lorraine qu'il avait gravée et qui se trouve toujours sur le bardage en bois du chalet. »
Rétrospective
Le chalet en 1974
© Clichés d'Antoine de Fontbrune
Le chalet des Gets en février 1974 © Antoine de Fontbrune. On constate des modifications avec l'apparition de cheminées sur le toit.
Le chalet en 2019
© Clichés de Christian Guibert