Le monument à André Boillot


Le monument au coureur et pilote André Boillot


En sortant de La Châtre, sur la D 943 vers Châteauroux, un peu avant le sommet de la côte d'Ars, sur une route à droite en direction de château d'Ars, se trouve le monument à André Boillot, à quelques mètres à gauche, au bord du tracé de l’ancienne route. C’est à cet endroit, dans la commune de Montgivray, que ce pilote automobile, également ancien pilote de chasse, se tua le 5 juin 1932 au volant d'une Peugeot X1 à moteur Bugatti.





Le monument porte les inscriptions suivantes sur le devant au centre : André Boillot 1891-1932 et de gauche à droite sous les reliefs : le 5 juin 1932 le champion André Boillot a trouvé ici une mort glorieuse.


 La signature J.J. Martel sur le buste d'André Boillot

Il joignait au courage et à la maîtrise sportive les plus hautes qualités du cœur et de l'esprit. Ses amis pieusement ont élevé ce monument à sa mémoire - Pilote de guerre  (médailles militaires gravées) (5 citations) Targa Florio 1919 - Coupe Florio 1925 - Grand Prix Tourisme A.C.F. 1925.26.27 Grand Prix Saint Sebastien 1928 - 24 heures de Belgique 1928 - Coupe A. C. F. 1928. Paris-Dakar-Paris 1930 - Athènes Monte-Carlo 1931 - Record 24 heures 1932.







Une carte postale souvenir des studios Harry, présentant le projet du monument commémoratif qui sera réalisé par Jan et Joël Martel en hommage au coureur automobile André Boillot (ici mal orthographié). Merci à André Billy.


Maquette, et photographie de la maquette en situation, du projet du monument à la mémoire du pilote et coureur automobile André Boillot. Merci à Florence Regourd.

André Boillot (1891-1932)


Fils de Louis Boillot et de Catherine Jeanperain, le destin d’André Boillot est intimement lié à la marque Peugeot. Son père était alors l’un des collaborateurs du directeur de l’usine, à Valentigney, et son frère aîné, Georges, allait s’illustrer sur les circuits, également au volant d’une voiture de cette marque.



André Boillot entame sa carrière professionnelle au service commercial de la succursale de Peugeot à Londres, et c’est en Angleterre qu’il tente une première fois sa chance en compétition lors d’une course organisée sur l’anneau de vitesse du Circuit de Brooklands. Mais à 20 ans, il ne peut rien faire face à la ruse de quelques vieux pilotes très aguerris. Survient alors la Première Guerre mondiale, qui non seulement interrompt sa carrière de pilote, mais tue aussi son frère en 1916.



La 201 Peugeot (Geugeot) en 1919 à l'Indy


La première épreuve importante à laquelle il participe après guerre est la course des 500 miles d'Indianapolis, en 1919, où il court sur une Peugeot à quatre cylindres. Un pneu éclate, à 25 miles de l'arrivée, alors qu'il se trouve en quatrième position, et il doit abandonner. La même année, avec l'équipe Peugeot, il remporte la Targa Florio, en Sicile, avec une L25 (se classant encore troisième en 1925 sur la 174 S). Il retourne à Indianapolis en 1920 et en 1921, sans plus de résultat car par deux fois contraint à l'abandon sur ennuis mécaniques.



En 1921, il prend part au Grand Prix automobile de France avec une Talbotet se classe cinquième. C'est l'unique épreuve que le pilote ne disputera pas au volant d'une Peugeot. En 1922 (puis 1925 sur 18CV S.S.) il remporte la Coppa Florio avec sa marque favorite. Toujours en 1922, il est le premier lauréat -ex-æquo- au Circuit des Routes Pavées, lors d'un sprint destiné à départager les concurrents (avec son équipier André Cabaillot).


Devenu par la suite Directeur sportif de l'équipe Peugeot, il se spécialise désormais dans les courses réservées aux voitures de tourisme jusqu'en 1928. En 1923, il remporte l'épreuve 1 400 kg Tourisme de l'ACF précédant le Grand Prix de France, avec une Peugeot Type 174 à Tours (devant les frères Morillon), ainsi que la Coupe de la Commission Sportive à Montlhéry et la course de côte de Allauch près de Marseille avec une 4,0 l 4 cylindres. En 1925 il remporte de nouveau le GP de l'ACF Tourisme précédant le Grand Prix de France à Montlhéry, cette fois sur une Peugeot 18 CV (course tourisme d'endurance, de 1 050 kilomètres parcourus en moins de 12 heures et 13 minutes). 



André Boillot au volant de sa Peugeot 201 X

Il participe aux 24 Heures du Mans en 1926 (casse du montant de pare-brise), s'adjugeant en cette même année avec une Peugeot 174S les 24 Heures de Spa (associé à Louis Rigal, 2 295 kilomètres), les Douze Heures de Saint-Sébastien - ou GP de Guipúzcoa, au Circuit de Lasarte - en catégorie 5,0 l (quatrième au général), et les Vingt-Quatre Heures de Monza (un Grand Prix d'Italie pour voitures de tourisme organisé sur longue distance cette année-là, avec Luigi Tattini au terme de 2 615 kilomètres) tout en gagnant au passage la côte de Roquebilière près de Cahors, sur une 3,0 l. 


Victime d'un accident grave à l'aérodrome de Spa-La Sauvenière à Malchamps en Belgique, il est obligé d'arrêter quelque temps la compétition. Il est ainsi l'un des rares français à avoir participé à la fois à l'Indy 500 et à l'épreuve mancelle d'endurance ; le suivant étant Philippe Gache en 1992, 66 ans après André Boillot.



En septembre 1926, il épouse à Saint-Cyr-sur-Loire Yvonne Hérissé, sœur de la chanteuse de music-hall Gaby Montbreuse.


En 1927, il enlève de nouveau la Coupe de Commission Sportive à Montlhéry, et il réalise le meilleur tour à Saint-Sébastien (Lasarte / Guipúzcoa), toujours en tourisme. En 1928 il s'impose au Grand Prix de Guipozcoa tourisme à Saint-Sébastien (sur Peugeot 18CV s/s, encore avec Louis Rigal). En 1929, il dispute le Grand Prix de l'ACF avec une Peugeot Type 174S qui se classe deuxième derrière Grover-Williams. En 1931 il est sixième du Grand Prix de Monaco, toujours sur la 174S. En 1932, il termine second de la 2e catégorie (< 1,5 l) au Rallye de Monte-Carlo après être parti d'Athènes, derrière l'autre Peugeot 201C de 1,1 l conduite par De Lavalette et De Cortanze, puis il établit encore quelques records internationaux au volant d'une Peugeot 301 C sur le circuit de Miramas. Cette même année il se tue avec une 201 X, dans un accident lors des essais de la course de côte d'Ars près de La Châtre.


Il est le premier français à participer en carrière à un Grand Prix renommé, à l'Indy 500, et aux 24 Heures du Mans.



C’est au cimetière de Tours qu’il repose. Après un dernier combat.

 

Un article de Didier Lecocq

 

Pour André Boillot, l’aviation est une affaire de famille. Ce n’est pas la seule d’ailleurs. Avant l’aviation, il y a eu l’automobile.

 

Difficile d’y échapper quand on est originaire de Valentigney, dans le Doubs. Valentigney, c’est le berceau de la famille Peugeot. Le père des deux pilotes, Georges et André, y était directeur d’usine. Et c’est donc tout naturellement que les deux frères sont venus à l’auto, ou plutôt à Peugeot, un diplôme d’ingénieur en poche.



André Boillot sur sa Peugeot en 1922. (@ Agence Rol/BNF Gallica)

Georges, né en 1884, a été un des sportifs les plus connus de la France d’avant-guerre, sur deux puis quatre roues. Il a participé, pour Peugeot bien sûr, aux 500 Miles d’Indianapolis et a remporté, plus près de chez nous, la course de côte de Saint-Symphorien (dans la Tranchée) en 1913.

 

Lorsque la guerre a éclaté, il est devenu chauffeur, notamment du général Joffre, puis pilote de chasse. Titulaire de deux victoires homologuées et quatre probables, il est mort en combat aérien en mai 1916, près de Verdun.

 

A l’escadrille des sportifs

 

André était de sept ans son cadet. Et s’il a travaillé pour Peugeot, c’est seulement après la guerre qu’il s’est consacré aux courses automobiles. Mobilisé dans le génie puis le train, André est devenu pilote de chasse peu de temps avant la mort de son frère, au sein de l’escadrille N77 surnommée « l’escadrille des sportifs » car y figuraient des champions comme Maurice Boyau, le capitaine de l’équipe de France de rugby. Il y a obtenu une victoire homologuée, une blessure et cinq citations.



André Boillot, Eugène et Alfred Morillon, lors du Circuit de Touraine en 1923. (@ Agence Rol/BNF Gallica)

Après la guerre, André Boillot s’est consacré aux courses automobiles. C’est lui qui a créé l’écurie Peugeot. Il a remporté la Targa Florio, participé aux 500 Miles d’Indianapolis, aux 24 Heures du Mans et à celles de Spa. Le 5 juin 1932, lors d’un entraînement pour la course de côte d’Ars, à Montgivray (Indre), il est victime d’une sortie de route. Coincé sous la voiture, rapidement secouru, il a été transporté à l’hôpital de Châteauroux. Trépané le 6 et malgré quelques nouvelles encourageantes, André Boillot est décédé, dans cet hôpital, le 8 juin peu après 23 h.

 

Une Piaf tourangelle

 

La Touraine l’a adopté après sa mort. Le 25 septembre 1926, André Boillot avait épousé une Tourangelle, Yvonne Hérissé. Ils séjournaient souvent ensemble à Saint-Cyr-sur-Loire. Il a été inhumé, provisoirement pensait-elle, au Père Lachaise, à Paris, avec son frère Georges. Sa veuve avait accepté la demande de Peugeot qui voulait des grandes funérailles, en présence notamment de Jean-Pierre Peugeot. Mais quand Yvonne Boillot-Hérissé elle a voulu le ramener en Touraine, s’en est suivi un conflit avec la famille. Commencé en 1932, le feuilleton a pris fin en 1935. La veuve a fini par l’emporter devant les tribunaux parisiens. La cour d’appel de Paris a dit qu’en l’absence de volonté du défunt, son épouse, avec qui il partageait sa vie, était la mieux placée pour exprimer les souhaits du défunt.

 

André Boillot repose désormais – et discrètement – dans le caveau de la famille Hérissé, au cimetière La Salle de Tours, avec notamment sa belle-sœur Julia. Celle-ci avait eu son heure de gloire, sous le nom de Gaby Montbreuse, une « divette » qui avait brûlé les planches dès 1913, alors qu’elle n’avait que 18 ans. Connue pour sa gouaille toute parisienne, la belle-sœur d’André a laissé une inoubliable chanson : « Tu m’as possédée par surprise ». Toute une époque.



Cliché de la voiture de course accidentée avec l'annotation " Course de la côte d'Ars (Indre) voiture de Boileaux (sic) 201 Peugeot ".