La Chapellenie

La mémoire du moulin de la Chapellenie

 

Un article publié le 28 août 2018 dans Ouest-France

 

Dans la forêt montoise se dresse le moulin de la Chapellenie. Il devint la propriété de la famille Martel en 1902. Lise-Laure Forney-Martel y a vécu ses vacances d'enfance.



Lise-Laure Forney-Martel a vécu ses vacances d'enfance au sein de cette tour de la Chapellenie. C'est l'architecte nantais François Aubry qui a transformé un simple moulin en une maison d'habitation de style mauresque, dont une tour à la toiture en forme de bulbe, qui est désormais la seule partie que laisse entrevoir la forêt. Lise-Laure Forney-Martel Collection Arexcpo en Vendée.

 

C'est Léon Martel, propriétaire d'un magasin de bonbons à Nantes, et père des sculpteurs Jan et Joël, qui fait l'acquisition, en 1902, du moulin de Touvent, et le transforme en maison d'habitation au style mauresque, grâce à l'architecte nantais François Aubry. Ce moulin, rebaptisé de la Chapellenie ou tour Martel, est digne d'un conte de fées. « Mon père avait 6 ans au moment des travaux et venait les voir à dos d'âne, raconte Lise-Laure Forney-Martel, fille de Jan Martel. En 1910, ce moulin était d'un certain modernisme. »

 

Des vacances dans ce palais

 

« Quand j'étais enfant, je venais en vacances durant les deux mois d'été, ainsi qu'à Pâques », se souvient-elle. Durant la Seconde Guerre mondiale, « maman avait mis des pancartes partout car les Allemands qui logeaient à la Boucotte, petite maison au pied du moulin, venaient faire cuire leur pot-au-feu dans lequel ils mettaient des livres de beurre ». Or le beurre était rationné à l'époque.

 

« Une mitraillette sur le ventre »

 

« Mes parents se sont souvent retrouvés avec une mitraillette sur le ventre, comme la fois où avec ma demi-sœur, nous jouions à éteindre puis à rallumer la lumière. Les Allemands ont alors cru que nous envoyions des signaux. » Depuis, ce moulin n'est plus propriété des Martel mais d'un collectionneur d'art, « qui a prolongé cette transmission. »

 

Parmi les 18 moulins présents sur le cadastre dit napoléonien en 1831, treize se trouvent dans les dunes où la forêt de pins maritimes n'avait pas encore vu le jour, dont le moulin à vent de Touvent. Il est la propriété de la famille Buchoul et consorts, qui n'aura aucun descendant. Il devient en 1847 la propriété d'André Fradin, qui fait appel au meunier Pierre Girard, pour assurer la production meunière. Ses deux fils travaillent au moulin, mais leur décès signe la fin de la présence de meuniers dans cet établissement surnommé moulin Girard.

 

Au fil des années, le moulin subissant les outrages du temps menace de tomber en ruine. Offrant une vue imprenable sur la ville, le marais et sur la forêt, il est alors mis en vente par licitation en 1902.

 

Dans les années 1960, les tours du site dépassaient encore la canopée, mais désormais la forêt ne laisse plus apparaître que le bulbe de la toiture de la grande tour, visible du haut de la grande roue. D'autres moulins en Pays de Monts ont été étudiés par la section Histoire de l'Arexcpo à travers un article paru en mai dernier dans les Cahiers de l'histoire du pays maraîchin, en vente en maison de la presse.