C'est en 1947 que les sculpteurs Jan et Joël Martel reçoivent une première commande de l'État pour l'érection d'un monument à la mémoire de Charles Milcendeau, sous l'impulsion de James d'Ayzac, mécène et collectionneur qui vient de publier l'année précédente un ouvrage biographique consacré au peintre et demeurant alors au Château, aujourd'hui hélas démoli, du Bois du Breuil.
Aménagé dans le jardin de l'hôtel de ville de Challans, orienté en direction de Soullans, cette œuvre permet aux Martel de renouer avec le genre architectural ce monument-mur (64 m de long, par 2.2 m, par 0,74 m) bordé d'un bassin, a été conçu avec la collaboration de l'architecte et ami des Frères Martel, Jean Bossu, élève de Le Corbusier. Paul Ferré fournissant le matériau en pierre reconstituée (calcaire broyé de Cheffois).
Il s'organise autour de l'effigie de l'artiste, présenté en buste, de profil. De part et d'autre, des figurines en haut-relief symbolisent le Marais et l'attachement que le peintre lui portait. A gauche, des scènes de fauchage et de battage au fléau, la silhouette d'une « passeuse en yole » et un moulin à vent. A droite, des couples de danseurs, une femme assise sur une cage à volailles et une « bourrine ».
Tout le vocabulaire définissant le Pays Maraichin ici réuni forme un trait d'union entre le sculpteur et l’artiste a qui ils rendent hommage. Il y a la volonté affichée de signer le monument de façon apparente, en haut-relief avec un cœur vendéen, comme si les sculpteurs voulaient s'unir un peu plus à Charles Milcendeau, le peintre du Pays Maraichin, tel que le mentionne l’inscription portée dans la composition.
Ce monument, dont il existe deux maquettes en plâtre (3,30 x 20,6 et 42,5 x 33,5) qui furent exposées en 1947 à Paris, au Salon d’Automne, fut inaugurée le 7 septembre 1947 par les autorités locales en présence de la veuve de Charles Milcendeau.