Le monument aux morts de Saint-Gilles-Croix-de-Vie


Le monument aux morts de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée)


Le monument yonnais, issu d’une importante souscription publique et de larges subventions - Ville, Etat - est soigneusement intégré dans l’espace urbain. Ce vaste fronton en pierre de Lorraine présente une composition organisée autour d’un bas-relief en méplat : une France ailée protégeant huit soldats en mouvement. La liste des morts (561) est gravée sous le bas-relief.


Le monument aux morts de Saint Gilles Croix de Vie, le 11 novembre 2018, pour le centenaire de l'armistice (Cliché de Claire Forney)

Bien plus encore que la forme, c’est sur le fond, le sens, la signification pacifique qu’ils donnent à leurs monuments que les frères Martel se distinguent ; interprétation confirmée par la correspondance de Jan, mobilisé en 1915, et renforcée par les discours d’inauguration des monuments prononcés en 1922 par le Docteur Marcel Baudoin. A Olonne (discours du 23 juillet 1922), « ils se sont refusés à glorifier la guerre passée, eux, anciens poilus, par l’image de la bataille, par un soldat en armes ! Comme ils souhaitaient un monument bien personnel, et tout à fait local, c’est alors que je leur ai suggéré, pour tout ce qu’ils pourraient tenter en Vendée, l’idée d’une scène de Paix, avec l’emploi du costume actuel du pays ». Le maire de l’époque, Valère Mathé, présente ainsi le sujet : « une Olonnaise, veuve de guerre ou mère ayant perdu un fils sur les champs de bataille ; en costume de deuil du pays : coiffe ancienne, jupe et châle noirs, dans l’attitude du recueillement ».


Dessins préparatoires des Martel - Archives départementale de Vendée


Étude pour le projet définitif du Monument aux morts de Saint-Gilles-sur-Vie. Dessin esquisse au crayon sur papier calque, 1922 Collection Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne


Le monument de Saint-Gilles fait également l’objet d’un discours du Dr. Baudoin : « le geste symbolique nécessaire…[…]…qui ne glorifie pas la guerre par l’image d’un soldat en armes, la victoire par une statue de l’époque grecque ou de la Renaissance…[…]…Vu le but poursuivi, il fallait une statue dépourvue de toute prétention , qui fut l’expression réelle du sentiment que la guerre a laissé dans l’âme populaire…quelle forme pouvait mieux exprimer cette pensée que cette « Girasse » , que cette femme du peuple agenouillée ? C’est la mère, la sœur, l’épouse des combattants, poilus et marins nés sur les bords de l’Atlantique. Cette femme n’est pas quelconque- ce n’est pas une allégorie- c’est une femme réelle, une femme de chez vous, une femme qui a vécu la guerre, ici même ! ».



Au dos du monument la fresque " A nos soldats A nos marins "


Le monument aux morts de Saint-Gilles représente une femme, également en costume traditionnel mais jeune et agenouillée, bras pendant le long du corps ; attitude éplorée, tête inclinée tristement face à la dalle de pierre où sont gravés les noms des disparus. Une composition architecturale, car les frères Martel sont ici associés, comme à Olonne, à l’architecte Jean Burkhalter. L’œuvre est considérée comme l’une des plus réussies parmi les nombreux monuments aux morts qu’ils ont réalisés durant ces années 1920, au moins une douzaine dans toute la France. Au dos du monument, quatre visages de marins et soldats sont sculptés dans la pierre.



Photo de Guy Ruel


C'est aussi dans ce cimetière que l'on peut voir également le buste du Docteur Marcel Baudoin, sculpté par les frères Martel.