Pavillon du Tourisme

 


Robert Mallet-Stevens réalisera le Pavillon du tourisme pour l'Exposition des Arts Décoratifs à Paris en 1925. Architecture d’avant-garde pour un loisir naissant : le tourisme, c'est l’un des pavillons les plus représentatifs, malgré sa modestie.  






Ce pavillon, dû à l’excellent architecte Mallet-Stevens, est, sans conteste, d’une inspiration nouvelle et d’une exécution très rationnelle. Il a été élevé à un angle de l’avenue Nicolas-II et du Cours la Reine, tout à côté du Grand Palais. Les deux éléments principaux sont constitués par une tour de 35 mètres de hauteur surmontant l’entrée du pavillon et par un hall de 9 mètres sur 22 mètres. Le matériau employé est le béton armé, en minces épaisseurs de 20 centimètres au maximum et de 6 centimètres au minimum. 

 

Pour la rapidité et la robustesse de la construction, on a fait appel aux ciments extra-alumineux à haute résistance, dits ciments électriques ou ciments fondus, dont nous sommes redevables au regretté Jules Bied. Un principe nouveau a été appliqué pour obtenir une bonne liaison des montants et des traverses avec le remplissage. Les briques de mâchefer jouant ce dernier rôle ont été montées avant le coulage du béton dans les coffrages. Elles ont pu être intimement liées au béton par des aciers de renfort et concourent ainsi à la résistance. La tour présente une section en forme de croix à quatre branches égales. Trois voiles horizontaux situés à l’extrémité inférieure et trois autres formant collerette à la partie supérieure, donnent à la tour la résistance indispensable, tout en concourant à son bel aspect architectural. Ces voiles jouent un rôle analogue à celui des frettes dont on entoure les pieux de bois pour les renforcer aux extrémités. Au sommet de la tour, un clocher de section carrée, de cinq mètres de hauteur, porte une horloge. Un carillon électrique, composé de huit cloches, joue, chaque quart d’heure, un air différent comportant huit mesures.

 

La décoration du pavillon comporte des bas-reliefs, réalisés par les sculpteurs Jan et Joël Martel, en taille directe représentant les grands moyens de transport, et des vitraux figurant les grandes villes de France et les principaux centres coloniaux. Le carrelage est constitué par des carreaux de ciment de couleur, assemblés par les grandes surfaces.



Le problème de la stabilité de la tour et de l’ensemble a été résolu avec élégance ; quatre points d’appui seulement supportent tout l’édifice ; ce sont quatre piliers ne mesurant pas plus de quelques décimètres carrés de section. Les plafonds, les murs, les parois sont donc suspendus en porte-à-faux équilibrés. Cette disposition a permis la suppression des fondations des murs. Les hautes parois verticales qui forment poutres sont raidies contre le flambage par des voiles horizontaux formant les plafonds des bas côtés et, à la partie supérieure, par le cadre formant le plafond du hall central.

 

Pour que la stabilité fût bien assurée par les quatre piliers formant les points d’appui, il a fallu les enterrer de trois mètres dans le sol et prévoir, à leur base, un empattement susceptible de fournir une assise solide.

 

Chacun se souvient des petites bouteilles inrenversables lestées de plomb à leur base, qui ont fait partie de nos jeux d’enfants. La tour de Mallet -Stevens s’inspire un peu de ce principe. Sa base a été lourdement lestée de terre, de sorte que, si jamais un vent violent parvenait à l’infléchir, la tour se redresserait immédiatement d’elle-même.

 

Félicitons vivement l’architecte, M. Mallet-Stevens et l’ingénieur, M. Garrus, qui ont collaboré étroitement à cette œuvre, l’un, par l’originalité et la logique de ses conceptions, l’autre, par l’étendue et la sûreté de ses connaissances techniques.

 

© La Science et la Vie - 1925






La tour du pavillon du tourisme, due à Robert Mallet-Stevens, contraste dans son environnement.





Maquette du pavillon du tourisme exposée à Paris au Centre Georges Pompidou lors de la rétrospective Robert Mallet-Stevens en 2005.